Les grottes et carrières de Caumont

Il est établi que, depuis les premiers siècles de notre ère, les grottes de Caumont furent exploitées comme carrières comme l’attestent des constructions antiques exhumées en forêt de la Londe, notamment une villa gallo-romaine. C’étaient à l’origine des carrières à ciel ouvert qui ont donné le nom à la commune (Caumont = Calvus mons, le Mont chauve). Durant les hivers rigoureux, le gel faisait ébouler dangereusement la roche tant et si bien que les carriers de l’époque eurent l’idée de s’enfoncer profondément à l’intérieur des falaises. Par la suite, l’exploitation s’est poursuivie ainsi, selon les mêmes techniques manuelles que sur Vernon.

Bas-Caumont_Les_Grottes

La pierre de Caumont a servi à l'élaboration de nombreux monuments de la région, dont la cathédrale de Rouen, l’abbaye Saint-Georges de Boscherville, de Jumièges ou bien Notre-Dame du Havre.

Les carrières du bord de Seine occupaient au milieu du XVIIIème siècle presque toute la population villageoise. On y sortait notamment des blocs du « franc banc » composés d’une pierre calcaire au grain très fin et ayant comme caractéristique principale d’être non gélive (résistance au gel) du fait d’une double cristallisation de la calcite. Cette activité extractive va en diminuant sur tout le XIXème siècle, passant de 14 carrières en 1808 (de 500 à 600 ouvriers) à 8 en 1861 (et une vingtaine d’ouvriers), puis une seule en 1905, celle de Monsieur LAMY, qui acheva son activité à la veille de la Première Guerre Mondiale en 1910. Les blocs de pierre de Caumont extraits des carrières étaient acheminés jusqu’à la Seine où ils étaient chargés sur des bateaux à fond plat et à voile : les gribanes. Les pierres non nobles également extraites servaient à lester les bateaux de Seine.

Bas-Caumont_Les_Roches

Pour autant, ces carrières allaient être le théâtre des débuts d’une nouvelle science du sous-sol : en 1902, Alfred MARTEL était à Caumont et explorait la grotte de la Jacqueline. Le gigantisme des carrières avait en effet recoupé un réseau hydrologique souterrain typiquement karstique. Les grottes de Caumont étaient alors renommées dès la fin du XIXème siècle pour leurs stalactites translucides formées par le suintement de l'eau, qui, à la lueur des torches, montraient un spectacle merveilleux. Malheureusement, nombre de visiteurs voulurent emporter avec eux un souvenir de leur exploration… de telle sorte qu’aujourd’hui elles n’offrent plus que des concrétions récentes.

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Carrières_Vernon4

L'exploitation de la pierre ayant cessée, les carrières furent utilisées pendant la seconde guerre mondiale comme bunker par les Allemands en vue d'y construire une usine troglodytique de fabrication d'oxygène liquide dont le nom de code était Steinkohle. Ce gaz devait servir de comburant pour la fusée allemande V2 destinée à bombarder Londres. L’usine de béton armé fait 211 mètres de long, 12m de large et environ 10m de hauteur devait ainsi alimenter un approvisionnement pour le tir de 8 à 10 fusées par jour. A proximité de l’entrée se trouvait une centrale électrique disjointe. L’usine proprement dite comprenait 5 grandes tranches de compresseurs suivies de locaux électriques et de vie installés plus profondément.

 

Image ci-contre extraite de "L'enfer des V1 en Seine-Maritime durant la SEconde Guerre Mondiale" par Norbert DUFOUR & Christian DORE, Ed. BERTOUT.

De gigantesques travaux furent donc réalisés dans ce but par l’organisation Todt dès octobre 1943 avec notamment la mise en place d’un chemin de fer jusque la raffinerie de Petit-Couronne en quai de Seine. Cette usine n'a cependant heureusement jamais été achevée ni n’a jamais produit d'oxygène liquide.

On implanta une champignonnière dans les Grandes Carrières en 1962 mais son activité ne dura que quelques années (1963-1966 par M. Bruno LEPEC).

Les Grandes Carrières ne peuvent plus aujourd'hui être utilisées pour la découverte et l’initiation à la spéléologie pour des raisons impérieuses de sécurité.

La grotte du Pylône est propriété de la Fédération Française de Spéléologie, sert au même dessein en faisant par ailleurs l’objet de poursuites d’excavation dans d’anciennes rivières karstiques comblées.

 

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